Tableur, gentil tableur, suis-je le plus riche ?
Le tableur, premier programme qu'il ne faut pas programmer
Le principe est déjà là
Lors de l'année 1978, le collègue parle à Muchmuch d'un nouvel outil.
Un petit gars Daniel Bricklin a créé un tableur. Il le nomme Visicalc, le premier de son genre.
Il doit établir des tableaux comptables pour une étude de cas sur Pepsi-Cola.
Muchmuch, dirait, – Ce n'est pas que ça m'enchante, mais faut s'y mettre –.
Lui le gars, pas du tout, il se dit, – Je vais programmer "un tableau noir et une craie électroniques" (selon sa propre expression) –.
Son premier prototype, en Basic, pouvait manipuler un tableau de vingt lignes et cinq colonnes – il n'est pas prêt de me remplacer pense Muchmuch moqueur –.
Il s'associe avec Bob Frankston qui optimise le programme. Ensemble, ils fondent la société VisiCorp.
Non content d'être le premier tableur, c'est aussi le premier programme qui permettait d’utiliser un ordinateur sans avoir à le programmer.
– Et bien le gars, on peut lui dire merci. Sans lui, on en serait encore à la gomme et au crayon !
Ensuite, l'histoire devient plus classique. Ils se sont bouffés le foie, envoyés des insultes à la figure et dissous l'entreprise.
Premier problème résolue
Un concurrent ne tarde pas à sortir, SuperCalc.
Il est le premier tableur à gérer les références circulaires, opération dont tous les membres dépendent les uns des autres et bien connue des utilisateurs de tableurs.
Référence circulaire
Transformation en douceur
Les années 1980 sont l'apogée des tableurs. On en compte pas moins de 75 sur le marché.
L'informatique pénètre toutes les couches de l'entreprise. C'est avant tout une affaire de spécialistes et passionnés un peu lunaires pour certains, mais avec beaucoup d'imagination et de talent.
C'est une évolution de l'homme post-industriel, les homo-cérébro.
Tout va trop vite, dans 200 ans, nous serons tous connecté en permanence au monde entier. Qui dit à Muchmuch que l'on n'emploiera pas un gars en Chine pour faire son travail.
Et un... et deux... et trois... Nous irons au bois !
En 1980, Mitch Kapor pousse la porte de VisiCorp. Il propose un outil aux dirigeants qui le dédaignent arguant que son logiciel est trop limité.
Fi, se dit-il ! Peu me chaut (traduction approximative des réflexions de Mitch Kapor), je vais créer ma société et commercialiser mon tableur.
Et en 1982, il édite Lotus 1-2-3. Mitch Kapor choisi ce nom car il est adepte de la méditation.
Lotus 1-2-3 apportait des possibilités nouvelles : bases de données – dénomination des cellules – macros.
Il contient aussi un bug lourd de conséquence, puisque aujourd'hui encore Microsoft Excel en hérite. À tort, il considère que l'année 1900 est bissextile.
Donc pour l'année 1900, février comporte 29 jours, soit un jour de trop.
Il devint le nouveau tableur standard et dominera la scène dès 1983 sur IBM-PC sous MS-DOS.
Un des premiers programmes à posséder une aide interactive accessible par la touche [F1]. C'est le logiciel qui popularise définitivement le PC.
Pas si zen que cela, en 1985, Mitch Kapor rachète VisiCorp et arrête la commercialisation de VisiCalc (na ! Bien fait).
– Mécréants, je vous boute hors de vue – aurait-il déclaré à cette occasion. Remarquez qu'à cette époque éloignée, les systèmes de traduction ne sont pas très fiables.
Plus tard, Lotus 1-2-3 est intégré à la suite bureautique Lotus Smartsuite, en parallèle, Lotus travaille à une nouvelle suite bureautique Lotus Symphony.
Déjà un solveur
Des compléments sont proposés et notamment "What-If Solver" de Frontline Systems dirigée par Dan Flystra. C'est le premier solveur comme on en trouve encore dans Microsoft Excel 2013.
Une lente agonie
Lotus perd contre Microsoft la bataille pour la domination du marché.
Microsoft est propriétaire des murs (Windows) – Murs/Windows, vous suivez ? – et migre son tableur vers ce système plus facilement et vite que Lotus. – Et le temps perdu, ne se rattrape plus ! – Entonne Muchmuch au téléphone –.
1995 - IBM achète Lotus, mais n'arrive pas à le faire décoller.
2007 - En parallèle, IBM continue le développement de la suite Lotus Symphony. Celle-ci est gratuite et existe en version Windows, Macintosh, Linux.
2011 - IBM fait don du code source de Lotus Symphony au projet Apache OpenOffice, la version 3.0.1 sera la dernière.
En mars 2013, IBM annonce la fin de la gamme Lotus Smartsuite (dont fait partie Lotus 1-2-3) pour septembre 2013.
La fin du support technique est annoncée pour septembre 2014.
Muchmuch se souvient avec émotion de ses premiers ennuis avec les tableurs.
Il est enfin baptisé
En France le nom tableur, logiciel de création et de manipulations interactives de tableaux numériques, qui est un néologisme, principe de création de nouveaux mots, est adopté.
Forgé par la CSTIC (commission de l'informatique et des composants électroniques),
il est officiellement introduit par un arrêté du 30 décembre 1983.
Le tableur est parfois appelé au Québec "chiffrier électronique", terme emprunté à la terminologie comptable québécoise, mais à vrai dire, on s'en fou un peu.
Un ogre éphémère annonce un bouleversement
Nous sommes en 1982, la nuit est noire d'encre, le brouillard épais, billou au loin hurle à la mort.
Et devinez qui s'en vient frapper dans le dos le gentil Lotus qui ne s'y attendait pas ? Le Monstrueux Microsoft Multiplan.
Bill Gates jette un pavé dans la marre (avant d'y faire passer un pont) – Gates/Pont, vous suivez toujours ? – .
Multiplan assurera le succès du Macintosh à l'image de Visicalc pour le PC.
C'est le premier tableur capable de gérer plusieurs feuilles et les relations entre elles.
La version pour l'Apple est la première interface graphique de Microsoft. C'est aussi un des rares tableurs pour cette plateforme. Il était en outre souvent pré installé.
Contrairement à Visicalc et Lotus 1-2-3, Multiplan n'utilise pas de lettres pour identifier les colonnes, mais des numéros comme pour les lignes.
Ce produit n’aura pas grand succès aux États-Unis où Lotus 1-2-3 lui est préféré. Par contre il sera largement utilisé ailleurs.
Il a été porté sur plusieurs plateformes.
Un compagnon fidèle
Pour produire des graphiques, il s'appuyait sur le logiciel compagnon Microsoft Chart qui prend le nom de Microsoft Graph avec l'avènement de Windows 95.
Ce qui est toujours le cas aujourd'hui dans les dernières versions de Microsoft Excel.
Et qui pointe le bout de son nez par la petite porte ?
Innocemment, en 1986 en Allemagne, un petit logiciel fait ses premiers pas. StarCalc tableur intégré à la suite bureautique StarOffice.
Il fait son petit bout de chemin avant d'être racheté par le géant Allemand "Sun Microsystems" en 1999.
Arrive l'année 2000 où Sun créé le groupe OpenOffice.org et lui reverse le code source de StarOffice qui servira de socle à la création de OOo Calc (OpenOffice.org Calc).
Le groupe OpenOffice.org est chargé de diffuser ses logiciels sous licence Open Source.
La suite est donc gratuite et modifiable par sa licence. Elle est respectueuse des standards informatique.
2002, le groupe OpenOffice.org sort la version 1.0.0 de OOo Calc, le tableur de la suite.
Muchmuch a entendu parlé de ce logiciel, mais il a surtout entendu gratuit. Le reste licence libre, code source, cela ne lui parle pas.
Microsoft change la donne et gagne
1987, Multiplan est mort, vive Excel (pour excellent).
À l'origine, il s'appelait Excel, mais une société commercialisant des logiciels de finance, portait ce nom. Elle intente un procès à Microsoft qui le rebaptise Microsoft Excel.
Microsoft Excel restera jusqu'en 1992 le seul tableur disponible pour Windows.
Le fils de Muchmuch ne comprend pas quand il parle d'Excel. Pour lui, c'est une série manga Excel Saga.
Il se murmure que Microsoft a détruit les ressources sur la genèse d'Excel, sûrement de peur que certains "inventeurs" ne contestent l'antériorité des découvertes.
– Ce n'est pas comme les comptables qui n'ont jamais rien à cacher eux !
Un français qui a failli tout changer
Tout commence un jour de 1989, une bande de Danois fait la connaissance dans la silicon valley du français Jean-Phillipe Kahn.
Il est le fondateur de la start-up Borland et commercialise leur tableur Quattro Pro.
Le nom fait référence à Lotus 1-2-3 (Quattro). Une blague prétend que son nom de code aurait été "bouddha" parce qu'il est en position du lotus.
Un tableur classieux et performant
Premier (après BoeingCalc mais qui se révéla trop lent) à proposer un système à onglets pour naviguer entre les feuilles.
Un million de lignes et 18 276 colonnes, là où jusqu'à la version 2007, Microsoft Excel se limitait à 65 536 lignes et 256 colonnes.
Il est reconnu pour ses graphiques d'une qualité bien supérieure sous D.O.S. à ses concurrents.
Lors des tests finaux, un tremblement de terre déclenche le système incendie de la société qui noie le matériel. L'équipe séchera les ordinateurs au sèche-cheveux, et finira le travail sur les courts de tennis de l'entreprise.
Mazette ! Buzzbee il aurait mis Muchmuch dans le local à poubelles.
Borland rachète le traitement de texte Wordperfect pour construire une suite bureautique.
Alors que la société est solide, elle se restructure, se recentre sur les produits de développement.
En 1994, Novell rachète Quattro Pro.
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